Allongé sur son lit d’hôpital, le livre de Raymond Domenech et « France Football » à ses cotés, Eric Leblacher sourit. Le moral du leader de l’ESC Meaux va mieux. Mais les broches et vis qui sortent de son tibia gauche rappellent à tous le grave accident dont il a été victime il y a maintenant huit jours, lors de la nocturne de Melun.

« C’est un tour où il y avait une prime, raconte-t-il. Je m’étais un peu échappé, mais je me fais reprendre et il y a un regroupement au moment de disputer le sprint. Quelqu’un vient de denière, me bouscule, ma roue avant se prend ensuite dans sa roue arrière et voila » Bilan: chute, fracture ouverte multiple tibia-péroné, opération le lendemain, trois mois d’immobilisation et trois autres de rééducation. Bien que, durant sa carrière professionnelle, il se soit déjà fracturé une clavicule et un poignet, cet accident est le plus grave dont il ait été victime sur un vélo.

Sur le coup, en pleine détresse, le Meldois est très vite placé sous morphine. « J’ai tout de suite su que ma jambe était cassée, dit-il. J’ai eu l’image de Djibril Cissé avant le Mondial 2006. » Huit jour après, il relativise : « il faut l’accepter et c’est ça le plus dur, reconnaît-il. Quand tu es pro, ce sont les risques du métier, mais quand tu ne l’es plus… J’ai maintenant six mois à reconstruire. » Leblacher rentrera chez lui ce week-end. Optimiste, son kinésithérapeute lui dit qu’il montera sur un vélo et courra dans six mois.

Leblacher veut le croire: « La rééducation commence maintenant. J’espère retrouver tous mes moyens. C’est dans la tête que ça se gagne. On me conseille donc de m’imaginer en train de courir, de faire du vélo, de travailler. »

Pour remonter au plus vite sur une selle: « Je ne laisserai pas tomber le vélo, assure-t-il. Mais je vais mettre la pédale douce, en particulier sur des courses comme la nocturne de Melun (lire par ailleurs). Moi, je ne fais pas cela pour l’argent, ce n’est plus mon métier. Je ne suis plus dans cette logique. »

Les messages de soutien ont afflué d’un peu partout depuis la fin de semaine dernière: du club au maire de Meaux, Jean-François Copé, en passant par Marc Madiot, le directeur sportif de la Française des Jeux, ou encore de la part d’autres coureurs. De quoi le booster pour son nouvel objectif: revenir pour la symbolique sur le cyclo-cross de Melun puis gagner à Monthyon, fin avril 2009, en 2e catégorie. Un niveau qu’il n’a plus côtoyé depuis onze ans. « Pour ma fierté, cela m’embête. il faudra remonter vite. » Un autre de ses objectifs.

Il juge la nocturne de Melun dangeuse

Pour moi, l’organisation a une petite part de responsabilité : on ne met pas autant de primes dans une coursee. C’est super pour les organisateurs d’avoir autant d’atgent, mais là, les coureurs sont comme des taureaux lâchés dans les rues. Au bout de 1,3 km, il y avait déjà 150 € de prime… » Eric Leblacher regrette les conditions dans lesquelles sa chute a eu lieu.
Pris dans un début de sprint auquel il ne souhaitait pas participer, il met en avant des primes « trop conséquentes », sur un tracé qu’il juge « un peu dangereux».« On ne fait pas le spectacle à tout prix, dit-il. Surtout dans une catégorie où les coureurs ont déjà un salaire. Là, c’était n’importe quoi. Il ne faut pas s’étonner que des mecs prennent des risques. » Au détriment parfois de ceux qui travaillent le lendemain.
Et de conclure: « Les nocturnes un peu dangereuses, je n’y mettrai plus les pieds, sauf celle de Meaux, bien sûr. » Sa blessure intervient après les deux décès suvenus recemment sur le duathlon de Chessy et lors de la nocturne de Gagny. Une série qui a de quoi en refroidir plus d’un.

hopital

Sébastien Blondé
Le parisien (2008-06-11)

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