Les grands champions ont souvent forgé leur caractère dans les coups durs. Sa carrière professionnelle derrière lui, puisqu’il a abandonné le cyclisme pro en octobre 2006 afin de devenir chargé des sports de la Ville de Meaux et de sa communauté d’agglomération, Eric Leblacher doit actuellement relever ce combat. En juin dernier, une grave chute en compétition lui a valu une fracture ouverte multiple tibia-péroné. La rééducation s’annonçait longue mais le gros moral du Parisien et son tempérament de battant ont déjà permis à Eric Leblacher de retrouver le vélo. Certes, il faudra encore attendre plusieurs mois avant de retrouver le coureur reconverti dans le cyclosport à son meilleur niveau, mais l’optimisme qu’il affiche devrait lui permettre d’y parvenir rapidement. Il vient d’ailleurs d’intégrer une nouvelle équipe cyclosport, le Team Bianchi.

Eric, près de 200 jours après votre accident, comment allez-vous ?
« Je suis chaque jour en rééducation en kinésithérapie. Après 191 jours dont 92 jours avec un fixateur externe et deux opérations, le diagnostic est très bon : la jambe a déjà retrouvé 85 % de sa mobilité, il n’y a pas de douleurs ou de gènes. Une troisième opération est programmée à la rentrée 2009 pour ôter les neuf vis et la plaque situées dans la jambe. Ce combat est ma plus belle victoire, un tunnel duquel je ne ressortirai plus le même et dont la vie ne m’offrira plus jamais le même regard… Les délais étaient initialement beaucoup plus long et les spécialistes restent étonnés. »

Quand êtes-vous remonté sur le vélo ?
« Je suis remonté sur le vélo le 19 septembre, durant un mois d’abord en basket avant de remettre ensuite les chaussures cyclistes. Ce travail a permis de gagner rapidement en mobilité et de remuscler la jambe. Le boulot pour revenir est énorme mais je me suis persuadé depuis le premier jour que j’y arriverai, que je surpasserai le premier pronostic réservé des médecins au soir de mon accident. J’ai à ce jour plus de 4000 kilomètres et les sensations sont très encourageantes. Je roule tous les jours avant de prendre mon travail à la Direction des Sports de la ville de Meaux. Je me bats, parce que je suis certain que je vais y arriver… »

Quelles sont les sensations ?
« Je recours à pieds depuis un mois, en footing, mais je fais maintenant des sorties d’une heure sans contrainte. Ce sera plus long que pour le vélo car ma plaque à la jambe restera un frein tant qu’elle ne sera pas enlevée. Le retour au meilleur niveau n’interviendra sans doute pas avant 2010 mais je vais participer à des épreuves juste pour m’imprégner à nouveau de l’esprit de compétition en attendant de rejouer les premiers rôles un jour… Je sais là aussi que je vais y arriver, parce que ça ne peut pas en être autrement dès lors que je n’ai jamais pensé au contraire, même dans les pires jours d’hospitalisation… »

Vous intégrez un nouveau team, Bianchi, pouvez-vous nous en dire plus ?
« J’ai été contacté courant juillet à la suite de ma victoire sur la Claudio Chiappucci. Le projet m’a séduit, j’ai eu toute les garanties concernant le déroulement de la saison, les attentes en retour, la lisibilité à moyen terme et j’ai donc signé. Les instigateurs de ce projet m’ont de suite adopté, ils sont passionnés, très à l’écoute, et misent beaucoup sur moi. Ils m’offrent les conditions idéales pour leur donner en retour ce qu’ils attendent de moi. C’est un projet ambitieux mais très réfléchi. C’est du donnant-donnant dans ce cas et je souhaite de tout cœur que cette signature soit le début d’une belle aventure partagée. »

Quel sera votre rôle au sein de ce team ?
« Je me suis engagé à participer à un minimum de cinq épreuves cyclosportives bourguignonnes. Le vecteur communicatif du team se situe dans cette région et il est donc tout à fait normal d’adapter mon calendrier en fonction de cette donne. Je vais être le porte-parole de l’équipe, l’ambassadeur, peut-être aussi un peu le leader mais chacun sait qu’un porte-parole n’a de légitimité que s’il prouve sur le terrain qu’il est digne de ce titre… Mon passé professionnel me permet sans doute d’être mis davantage sur le devant de la scène et j’en suis flatté. Chacun sait que j’ai cessé volontairement d’être pro pour donner préférence à ma reconversion et mon épanouissement familial, mais que le cyclisme et les rêves de victoires m’habitent toujours. »

Vous dites que le monde pro est un train dont on connaît le terminus, allez-vous durer en cyclosportives ?
« J’ai des rêves de victoires, j’ai des envies de défis dans cette spécialité. Je suis plein de projet et, chaque jour sur la table de rééducation, je rêve de lever à nouveau les bras… Comme je le dis, c’est sans doute le début d’une histoire et d’une aventure commune. »

Quel sera votre programme ?
« Je vais disputer une dizaine de cyclosportives. Etant en deuxième catégorie FFC (du fait de ma chute, je n’ai disputé qu’une seule épreuve cette année. Je l’ai remporté mais je n’ai pas eu suffisamment de point pour demeurer en première catégorie), je vais disputer un certain nombre d’épreuves dans ma région. Se grefferont ensuite des courses à pied ou duathlon en fonction des sensations induites par ma jambe encore maintenue par l’appareillage… Là aussi, je compte retrouver mon niveau même si je sais qu’il faudra sans doute attendre 2010 pour accrocher à nouveau des gros chronos et monter sur marathon. »

Quels seront vos objectifs ?
« La seule chose qui me guide est de lever les bras et pouvoir ainsi remercier le chirurgien qui m’a opéré et les kinésithérapeutes qui font chaque jour un travail exceptionnel pour moi. Et puis il y a ma femme, ma fille et ma famille qui ont vécu de nombreuses semaines d’angoisses… Je veux leur offrir en retour la garantie de mon retour à niveau en plus du sourire recouvré. Et puis, au delà de cela, mes objectifs 2009 sont de réussir les courses que j’ai cochées sur le calendrier… »

Comme gagner la Marmotte ?
« Oui, celle-ci me fait rêver… Je l’avais cochée en 2008 avant que le sort n’en décide autrement. Je ferai tout pour être dans les meilleures conditions, je n’aurai ensuite rien à me reprocher si je passe au travers… Le lendemain, je serai au départ de la Luc Alphand, un beau week-end montagnard en perspective ! »

Les 24 heures du Mans constituent aussi un défi ou une réelle ambition de gagner ?
« Cette année, l’ambition est de découvrir l’épreuve, de la faire pour le défi qu’elle représente. Je serai associé à un ami qui n’est que licencié départemental. Je sais qu’il fera le maximum pour être au meilleur niveau mais notre équipage ne sera sans doute pas en mesure d’inquiéter les teams élites qui seront au départ, quoique ! Nous allons le préparer méticuleusement en tous les cas, c’est certain. C’est une épreuve à faire, pour le défi qu’elle représente. Le résultat sera le meilleur que nous pourrons conjointement faire, j’en suis sûr. Pour 2010, je n’exclue pas de le faire en solo et pour la victoire… »

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Velo101.com (2008-12-15)

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