Nouveau venu chez la Française des Jeux, Eric Leblacher concrétise sa renaissance dans une équipe qui le séduit par une victoire en solitaire dans l’étape-reine de l’Etoile de Bessèges.

Sortant de la salle de bains ce matin, Eric Leblacher était tout beau tout neuf. « Tu t’es fait beau, tu vas faire podium ce soir ! » s’exclame Freddy Bichot le voyant débarquer au petit déjeuner. Le vainqueur sortant de l’Etoile de Bessèges, mis hors jeu de sa succession par des crampes dans l’étape de mercredi, a toujours le moral au beau fixe. A l’instar de la Française des Jeux, qui a une fois de plus démarré l’année en trombe. Trois au Gabon, Bernhard Eisel au Qatar, et cet après-midi, ca fera déjà cinq.

INTELLECTUEL INTELLIGENT

Leblacher est tout neuf, donc. Après une année catastrophe au Crédit Agricole, avec deux fractures de la clavicule, son contrat ne fut pas reconduit par Roger Legeay. C’est alors qu’il songeait déjà à une saison dans l’anonymat d’une équipe continentale que Madiot l’embaucha. Dernier coureur engagé chez cette équipe où il voulait évoluer une fois au moins dans sa carrière. « La Française des Jeux, c’est l’humain. Tout est centralisé autour du coureur. Je sais qu’on dira que je parle comme ça parce que je suis nouveau dans l’équipe, mais je le pense vraiment » assure-t-il.
« Je travaille depuis janvier avec Frédéric Grappe. Lui, c’est un intellectuel intelligent. Ses plans sont modulables selon le moral et la forme du coureur, on a tout un éventail d’exercices à disposition. J’ai plutôt travaillé la puissance avec pas mal de séances derrière bagnole. Aux stages, on avait à notre disposition un scooter, un derny, on roulait en groupes de niveau avec des ateliers de travail différents.  »
« Babache », comme on le surnomme, a arrêté de « rouler pour rouler« . Moins et mieux. Il a roulé 3000 bornes en janvier, moins que l’an passé, mais affiche déjà une belle forme. L’an passé, après de belles dispositions montrées lors du Tour de Langkawi, il s’était éteint au retour en Europe. Cette année, le coureur neuf est soulagé d’avoir commencé en France. « Je la dois un peu à Fred, résume-t-il, et à ma femme… »

PREMIERE

Sa femme qui samedi dernier le poussait à faire une sortie de 230 kilomètres derrière la voiture malgré les -5°, l’assurant qu’elle lui ferai à manger au retour, même à 14h30. Lundi, il avait déjà passé 40 kilomètres à l’avant du GP La Marseillaise dont une bonne partie en solitaire, repris par le peloton sous la flamme rouge. Pour autant, il n’attendait pas sa première victoire pro avec impatience. « Simplement, ca me libère. Car je commençais à être catalogué Jacky Durand, le mec qui s’échappe toujours mais qui gagne jamais. C’est peut-être ce qu’ils se sont dit tout à l’heure. »
« Ils », ce sont ses 14 compagnons d’échappée qui le virent partir dans le passage le plus dur du Col de la Baraque, sur les conseils d’Yvon Madiot. « Je sentais que j’avais la patte pour sortir en solitaire. Madiot nous a dit, à Sébastien Joly et moi, de s’échapper dans ce passage. » Malgré son appréhension dans la descente verglacée, depuis sa chute dans la Vuelta (au-delà du traumatisme psychologique, sa clavicule est encore un peu fragile), Babache a tenu jusqu’à l’arrivée. En bas de la descente, il n’avait pourtant que 6 secondes d’avance. Mais, il était apparemment hors de question qu’il eût sorti le gel pour rien ce matin.

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Clément Guillou
cyclismag.com (2006-02-03)

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