Eric Leblacher devant Sébastien Joly, doublé français au terme des 140 km qui séparaient Portes des Salles du Gardon. Pas de changement au classement général, Frédérick Willems (Chocolade Jacques), toujours premier.

Si nous étions directeur sportif d’une équipe de cyclistes professionnels et que nous avions à composer les fondations à envoyer à la Classic Haribo et surtout au Tour du Haut Var, nous nous inspirerions des résultats de cette troisième étape de l’Etoile de Bessèges comme hier vendredi, sur 140 km entre Portes et les Salles du Gardon, sur un parcours très, très vallonné, sous un beau soleil mais souvent entre d’épaisses masses de neige, fondante, qui rendait la route glissante car la température était plutôt basse. Emoustillés par une prime de 300 euros offerte au coureur qui passerait en tête la ligne signalisant le passage de la première côte, après même pas 6 km de course, le départ fut pris sur les chapeaux de roues. La prime alla au jeune Anthony Charteau (Crédit Agricole) et le ton était donné, la course partie à allure élevée, allait le rester pendant toute sa durée, et comme les montées succédaient aux descentes, les attaques étaient nombreuses. D’ailleurs, jamais le peloton disloqué par ce départ rapide ne se regroupa et certains mêmes préfèrent renoncer. Nous vîmes Stéphane Berges, Dimitri Konyshev, Samuel Plouhinec, Craig Lewis, et plus étonnant Christophe Moreau, rejoindre les vestiaires. La trentaine d’hommes qui caracolaient alors en tête étaient les engagés d’une première course, les autres, tout le peloton en courait une deuxième, tant le rythme des premiers ne permettait pas de retours. L’allemand Eric Baumann (T Mobile) essaya de partir seul, il fut repris. Anthony Charteau (Crédit Agricole), David Lelay (Jean Floch), Steven Caethoven (Chocolade Jacques), Christophe Laurent (Agritubel), Bert Roesems (Davitamon-Lotto) lui succédèrent, Eric, aussi repris.
Au km 50, ils sont une bonne vingtaine devant avec le peloton à 1 ’03 ». S’entendant parfaitement, ces hommes parmi lesquels on retrouve la plupart des attaquants du début d’étape et auxquels se sont joints Steven Cummings (Landbouwkrediet), Sébastien Joly et Eric Leblacher (Française des Jeux), Lazlo Bodrogi (Crédit Agricole), Charles Guilbert (Jean Floch), Angel Castresana (Unibet), Sylvain Chavanel et Bradley Wiggins de Cofidis, Pieter Mertens (Davitamon-Lotto), Bert Sheirlinckx (Jartazi) et Pasquale Muto (Miche), creusent l’écart, 1’50 »,2’12 »,3’…
C’est au km 60 que Lazlo Bodrogi, le Hongrois, spécialiste des courses contre la montre, décide de prendre sa chance. Il va rouler plus de 30 kilomètres en solitaire mais la deuxième ascension du col de la Baraque lui est fatale. Il est à peine repris qu’Eric Leblacher, bien remuant depuis un moment, lui succède. Le coureur de la Française des Jeux fait un grand numéro dans le Pradel, sur une route glissante. Derrière Cummings, Mertens et Sheirlinckx ont organisé la poursuite mais ils ne reprennent pas un mètre. Bien au contraire puisqu’ils voient revenir sur eux, un coéquipier de l’échappé, Sébastien Joly. Les deux coureurs d’Yvon Madio vont signer un beau doublé français, un soir de tirage d’Euro-Millions.
Bien joué les petits, ils la méritaient cette victoire, eux qui étaient depuis mardi aux avant-postes des épreuves que nous avons suivies. Le classement général n’a pas subi de grosses modifications. Frédérick Willems et ses camarades de Chocolade Jacques contrôlent parfaitement la course. Ce serait étonnant que l’étape de ce samedi, autour de Casino des Fumades amène un changement quelconque, d’autant que les récentes éditions nous ont toujours offert un sprint massif pour le plus grand plaisir des spectateurs, probablement encore plus nombreux qu’ils ne l’étaient ce vendredi. Saluons parmi ces spectateurs, les enfants du CE2 -CMI -CM2 de l’école de Portes. Ils étaient au départ, sollicitant dans un premier temps Poulidor, Anglade, Zoetemelk, Leblanc, Caritoux, Garnier, Mangeas puis dans un second les Bichot, Joly, Voeckler, Moreau. Ils étaient sur le parcours après avoir récupéré de belles casquettes blanches. Ils ont bien braillé, crié, et dire que quelques heures avant, ils ignoraient la plupart sinon la totalité des personnes qu’ils sollicitaient et encourageaient.

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« Je suis vraiment très content d’avoir gagné. Lorsque j’étais au Crédit Agricole j’ai eu deux fractures de la clavicule et l’on m’a reproché un manque de résultats. Et puis je crois que je ne rentrai plus dans les plans de l’équipe plus orientée vers les classiques, c’était donc un peu barré pour moi. J’ai l’habitude de faire des échappées, quand ça échoue on passe pour un idiot et pour un héros quand ça réussit. Je n’avais que cinquante mètres d’avance mais l’avantage pour moi est qu’il y avait Sébastien Joly dans le groupe derrière et les autres savaient que Seb Joly contrerai si jamais ils se livraient à fond. Je suis très heureux, vous savez le vélo n’est pas toute ma vie, ma vie c’est ma fille Lola qui a treize mois !»

Jean-Marie BARROIS
La Marseillaise (2006-02-04)

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