LE GRAND RAID DES PYRENEES 165KM

Et toi, t’as fait le GRP ?
Mon histoire: ( sans me relire et sans brouillon je préviens 🙂 )
Je m’intéresse au Grand raid des Pyrénées 165km depuis plusieurs années. j’avais pensé y aller en 2022 mais , la faute à mon accident et au syndrome post commotionnel, j’avais décliné quelques semaines avant. 2023 sera la bonne année. ce sera mon 8e 100 miles (épreuve de 160km) pour 0 abandon jusqu’alors.
Après un jour de repos et de préparatifs ( dossard, matériel, quiétude au plat d’Adet etc), me voici sur la ligne de départ vendredi à 5h la musique de départ est « Viva la vida  » de Coldplay. je l’aurai 45h30 en tête…..
Je pars dans les 20 derniers, volontairement. Je ne suis pas de taille à rivaliser ou me positionner trop devant. Je n’ai pas beaucoup d’entrainement et j’ai mon histoire qui fait que je fais ce choix.
L’ambiance est belle
les 20 premiers kilomètres se passent bien, même si je chope un coup de chaud au départ : tee shirt trempé apres quelques kilomètres et je choisis de mettre un autre tee shirt au km..10 après avoir appelé papa qui s’apprétait à venir me voir passer à une intersection de route dans le col du Portet.
Le levée de soleil est magnifique, je prends quelques photos.
Je perds des certitudes dans la descente vers la Mongie. Je bute sur 2 rochers et glisse sur les fesses. Je m’assois quelques instants et me dit  » ne prend pas de risques, les autres descendent mieux tant mieux pour eux, ils ont pas ton histoire, tu t’en fous, descends comme tu peux ».
Je laisse passer régulièrement des coureurs dans la descente pour ne pas les gêner, et j avance à mon rythme.
Je retrouve Philippe, un ami qui habite à 15km de chez moi. On fait une photo ensemble , elle nous restera à vie et ce moment le sera toujours aussi. On s’encourage, on se tape dans le dos avant de se perdre de vue dans la descente.
J’arrive à la Mongie au km 30 avec 1h15 sur la barrière horaire ( bh). Je me ravitaille et repars. Un peu solitaire mais je sais que je vais etre rik rak donc je ne peux pas trop faire le fanfaron. Je remercie les bénévoles, dis bonjour facilement aussi.
Direction le pic du midi : l’ascension est tres longue, elle dure 2h . Le sommet est magnifique et la vue dégagée.
Cette phase est celle ou je me sens « capable ». j’arrive km 45.
J’avais écouté un podcast qui disait que la partie jusque Hautacam etait dur et sans point d’eau donc je charge mon sac au ravito.
L’apres midi se passe, j’avance et continue de me parler ( je fais beaucoup cela). le parcours est technique parfois, les lieux et le parcours vraiment superbes.
On traverse des paturages, a travers les moutons , les vaches , les chevaux ou encore des groupes de marmottes peu farouches.
On arrive en bas d’une descente technique a Hautacam km 73. Je suis un peu cuit j’avoue. La descente m’a tué, en fait c’est l’amorce droit dans la pente qui me coute. Et sur le GRP, y en a des km et des km. Parfois meme y a pas de chemins, c’est droit dans la pente !
je constate que 2 bus sont remplis de coureurs qui choisissent d’abandonner ici…
Je prepare ma frontale, mange un peu, passe 2 coups de fils, parle vélo avec un bénévole qui me dit gentiment  » z etes eric leblacher ? » et zou je repars. J’ai 55min sur la BH.
Je vois mon père qui me dit  » ca va le faire ». je lui dis  » putain tu crois ça toi ? « . Il aura raison.
j’appelle Steph qui me dit  » occupe toi de toi, personne n’est toi ici, ton classement c’est gagné ou abandon ». Elle a raison
Direction Pierrefite, dans la vallée. La première partie se fait dans l’herbe droit dans la pente je glisse 1 ou 2 fois . Parfois c’est meme du crapahutage tellement en fait y a pas de chemin ici…
le suite est plus « simple ».
J’arrive a la base de vie ( BV) km 76 . j’avais laissé un sac donc je change de tee shirt, de chaussettes ( j’ai des chaussettes RYWAN qui franchement sont confort de ouf. je suis pas commercial mais là j’avoue c’est vraiment des chaussons ». je manage de la soupe avec des pates et saucisson sec dedans ( je sais pas trop si ça se fait comme recette mais on s’en fout).
Je repars avec 55min sur la BH, je vois encore un bus « d’abandons « remplis. Je file, il fait nuit noir.
La montée qui s’annonce est très rude, le brouillard est dense, nous progressons à 3.
On se trompe de chemin sur quelques centaines de metres et on fait demi tour. Pas toujours facile de suivre les drapeaux fixés chaque 50m. Quand tu progresses sur un meme chemin pendant des kms tu fais plus gaffe au changement de direction et bam ! il n ‘ y as de fleche directionnel juste un drapeau qui part a gauche à un moment et on l’a pas vu . Bref on retrouve le chemin et on arrive au ravitaillement km 85. Il fait un brouillard tres dense et il pleut. Les bénévoles ont pour consigne de nous interdire de repartir seul. Il faut repartir en groupe pour progresser plus en sécurité.
Ils sont adorables, serviables et exprime un profond respect pour nous.
Il pleut meme assez fort. Je lis des messages sur mon tel, ils me porteront des heures durant ( à minima)
La nuit passe et on arrive km 108 apres une nouvelle montée suivi d’une descente assez roulante. J’ai fait un break sur la BH puisque j’ai 1h50 à Luz Ardien.
Des bénévoles proposent des mini crepes toutes chaudes: j’en prends 2 , prends 2 3 trucs et file .
La longue descente qui suit pour aller à Luz saint sauveur au km 120 est une galère car il pleut fort et le chemin est difficile, nécessitant parfois de s’aider des mains .
J’arrive en bas, trempé et je reste 30min là bas à me changer , à me reposer et à étudier un peu la suite….
Je dirai bien que j’en ai plein le cul et que c’est costaud mais faut pas c’est pourri comme excuse ça
Je repars en traversant la ville, il pleut de ouf. Je suis tout seul mais j’ai en point de mire un groupe de 4.
Nouvelle montée cette fois de …14km le long du col du Tourmalet d’abord.
Je prends un rythme qui me convient, j’ai la tenue 100% pluie . La fatigue me prend en quelques minutes, je m’arrête pour dormir 6min, téléphone sur le corps pour me réveiller.
La pluie redouble et j’arrive au ravito de Barreges. Là, surprise: les bénévoles m’annoncent que les prochaines BV vont être réduites de 1h15 à cause du risque d’orage trop important. Du coup, je devais avoir 2h50 d’avance et je me suis retrouvée avec 1h35 ! Les organisateurs ont raison la sécurité prime et on sent que l’orage ( le vrai ) monte.
Il arrivera quelques minutes plus tard et le froid avec . Montée descente montée descente et parfois tu sautes de pierres en pierres ou encore tu prends appui sur un arbre pour pas redescendre de 5m: c’est tellement suspendu tout ça que raconter « simplement » serait pas de taille…. J’arrive de nuit à 15km de l’arrivée au dernier ravitaillement après avoir atteint 2465m d’altitude par 6 degrés.
A ce dernier ravitaillement c’est le déluge et chacun est transi de froid. Je suis dans les 30 derniers mais je suis toujours vivant et en course !
Je claque des dents et les secouristes me disent  » on va mettre ta couverture de survie sous ton kway, t’enrouler dedans pour continuer « . Cette proposition va me sauver .
je mange un peu de soupe, j’écris 2 3 messages après avoir été hors réseau pendant 6h de temps et je repars avant de trop réfléchir.
Je sors de mon sac des fraises tagada.
Les 15 derniers kms vont se dérouler majoritairement en descente et sous un vrai gros orage de montagne. Le ciel s’éclaire tout entier, le tonnerre gronde tout proche et il pleut tellement que cela forme des rivières dans lesquelles il vaut mieux évoluer sinon ca glisse de trop . Un vrai moment suspendu où je vois même des coureurs pleurer de peur ( là j’avoue ça rend le moment singulier)
J’ai 2h d’avance , je vais y parvenir il faut juste désormais etre patient et avancer, avancer…
J’ai le haut de la cuisse un peu irrité, Biafine est mon amie et je sors ça de mon sac. C’est pas une raison pour renoncer c’est trop pourri comme excuse ça
Dernier kilomètre, je croise des spectateurs qui me félicitent et je dis merci chaque fois.
Ma famille m’écrit pour me dire  » trop bien » alors qu’il est 2h30 du matin. J’ai reussi n’empeche !
Je franchis la ligne les bras levés : je m’en fous si c’est ça se fait pas mais j’ai gagné puisque j’ai réussi….
Je termine 254e sur 278 classés et 600 partants.
C’est pourri comme classement ? Nan, C’est trop la classe cette 254e place mais carrément même.
Retour à la maison, ma médaille Finisher habite ma boite à médailles Finisher désormais.
Je repartirai sur les chemins….🎯💛
Montée des coureurs de l’Ultra Tour (160km) vers le Col de Bastanet (2509m) dans les Les Crambés de Bastan avec en fond le Lac Supérieur et le Lac du Milieu.